Julien a refermé lentement et sans bruit la porte
Julien a refermé lentement et sans bruit la porte de sa chambre. Les lumières du petit jour baignent le corridor et dans le miroir baroque, prés de la porte d'entrée il surprend cet autre, qu'il n'aime plus regarder, secouer lentement la tête de gauche à droite. Il le sait que dans la chambre il n'y a personne à déranger, personne depuis des mois, des années, peut être même toujours. Alors, alors ce geste délicat, bienveillant dont il s'encombre encore l'exaspère profondément.
Pris au piège, une fois de plus, de cette charmante sensibilité, de cette mièvre affliction qui semble le couver, le porter et l'ensevelir. A quoi lui sert d'entendre les bruits du monde, le seul qu'il entend résonner depuis toujours c'est la voix de sa mère qui s'obstine à lui crier "Quand deviendras-tu un homme !!!"