Recroquevillée sur le bord du canapé, songeuse,
Recroquevillée sur le bord du canapé, songeuse, les doigts serrés qui se réchauffent au ventre fiévreux d'un bol de thé à la bergamote. Il y a cette odeur de gâteau au citron à peine sorti du four. Elle s'est levée si tôt. Ils dorment encore. Le gâteau: ils préféreront celui au chocolat et à la noisette fait la veille. Le citron, c'est une envie à elle, bien à elle. C'est le petit voyageur du temps et ses souvenirs colorés qui lui a soufflé cette nuit, entre deux rêves. Sa grand-mère hachait l'écorce si finement, une poudre duveteuse aux reflets poussins. Elle aurait aimé lui demander sa recette mais elle est partie si vite, dans un souffle, à la manière des belles âmes qui frôlent la vie par peur d'importuner. Cette nuit, entre deux rêves, les mains froissées qui cassent les oeufs, le vieux fouet qui monte les blancs, le lait encore chaud de la traite du matin. Il y a une odeur de gâteau au citron à peine sorti du four. Une odeur pour se souvenir du goût qu'avait cet amour.