Sur le coin
Sur le coin de la table, il y a l'eau, teintée d'amertume, qui parle des gestes levés et des tasses renversées. J'aimerais glisser sur la nappe blanche en simulant l'air surpris de celle qui ne comprend pas. Les odeurs mélangées de café et d'oranges pressées seraient presque agréables si on ne les savaient provoquées par la violence de celui dont la photo décore encore et toujours le mur du petit couloir. Des images tristes progressent en moi, à contre jour. Il y a ce que j'aimerais dire, il y a ce qu'elle ne peut entendre. Entre ces deux issues, je ne trouve de place que pour un mince sourire, une modeste pression sur la main. Comme il est simple d'emprunter le chemin des lâchetés ordinaires.
Dans un instant, elle va lâcher sous un charmant sourire-paravent: " Tu veux un café ?" et je vais répondre oui.